La semaine dernière j'ai eu l'occasion d'aller un peu fouler les sols des musées. Je suis allée voir le nouvel accrochage Nevermore du Musée d'Art Contemporain du Val de Marne ainsi que l'exposition Let's Dance qui était présentée jusqu'au week end dernier.
J'ai été particulièrement séduite par cette dernière où j'ai pu y trouver de nombreuses créations inspirantes, tantôt poétiques, tantôt décalées, jouant tantôt avec le festif et tantôt le morbide. Le temps qui passe et la dégradation sont aussi très présents dans cette exposition.
Quelques exemples :
Mirror Ball 2009 de Stuart Haygarth
Cette boule à facette composée de miroirs de rétroviseurs de récupération m'avait beaucoup interpellé. En transformant ces rétroviseurs en matière l'artiste a réussi a obtenir un objet esthétique jouant avec la fragilité et la lumière. Le résultat réunit la destruction et la fête, le vandalisme et le décoratif.
Une œuvre de Walead Beshty.
Ce sont des boites en verre. Ce que j'ai trouvé intéressant dans son travail c'est sa façon de faire évoluer sa création. En apparence elle semble simple mais ce sont toutes les actions qu'elle subit qui lui donnent son sens. Le concept : les boîtes de verre sont envoyées par colis sur chaque lieu d'exposition. De part leur fragilité, à chaque fois qu'elles sont exposées, elles sont dégradées et elles changent avec le temps. Contrairement aux habitudes (un musée expose et conserve) ici le musée contribue à sa dégradation. Pour marquer le temps, l'artiste fait figurer dans le titre de son œuvre le nom de la ville, la date et le numéro de suivi à chaque transport.
Les cadeaux 2000 de FOLTZ Sandra et SFAR Laurent
Cette petite vidéo m'a fait sourire. Les artistes on laissé au milieu de la rue des cadeaux sans destinataires pour observer /espionner le comportement des passants vis à vis de cet objet. Personnellement j'ai trouvé ces images plutôt poétiques : on y voyait des passant perplexes, certains les ramassaient et seuls au milieu de la rue, un peu désemparés, cherchaient un éventuel propriétaire, d'autres s'étaient rapidement approprié ces cadeaux anonymes avec une certaine joie, celle de l'opportuniste que généralement on affiche lorsqu'on trouve un billet sur le trottoir. Certains les ouvraient en cachette. On s'imagine à chaque fois ce que pouvait penser celui devenu par le hasard le destinataire de l'un ce ces objets.
En ce qui concerne le nouvel accrochage du MACVAL, Nevermore, nous rencontrons une majorité d'œuvres de Buraglio, Annette Messager et Boltanski. L'un des fils conducteurs de ce nouvel accrochage est le temps, le souvenir.
Là aussi il y a quelques travaux qui m'ont séduit.
Une forêt de balançoires chacune représentant la capitale d'un pays ou une ville symbolique. L'idée de voyage et de multi ethnie ressort de cette installation. L'artiste en résidence au Macval Mona Hatoum avait entre autre souhaité représenter la population de sa ville d'accueil temporaire.
Chez Pierre Soulages j'ai toujours apprécié son travail sur la matière de la peinture. "Beuh c'est tout noir !" vous allez me dire. Bien justement, c'est là que c'est intéressant ! C'est un peintre mais contrairement à ce que nous connaissons il ne travaille pas avec des harmonies de couleur mais uniquement avec du noir. Et il parvient à nous montrer qu'il existe une quantité infinie de noirs. Non il seulement il varie les nuances de noir grâce aux pigments mais aussi grâce à un travail sur la matière. Par exemple ici il a obtenu un noir velouté à l'aide de stries. Les œuvres de Soulages ne se regardent pas de face ; il faut bouger pour les voir bouger à leur tour, pour voir tous les jeux de textures, d'ombres et de lumières.
Ici j'étais heureuse de trouver enfin des bribes d'art numérique :). Shilpa Gupta est une artiste indienne et c'est elle qui a imaginé cette installation qui met le spectateur au centre de l'œuvre. Il est celui qui la déclenche, il en devient le personnage. Je me suis un peu amusée avec cette création : voir toutes ces silhouettes apparentées à des rebuts menaçants venir se coller sur moi sans que je puisse m'en débarrasser m'ont assez dérangé. J'avais l'impression d'être engluée, de trainer un boulet, un boulet qui représente mes propres déchets et ceux de notre société. C'est une œuvre qui parle de la société de consommation. On dit aussi qu'elle fait également un parallèle avec guerres dans le monde. En un sens ont peut effectivement l'interpréter aussi comme ça car ces ombres sont nos doubles, les ombres de notre passé collectif qui n'est pas toujours très beau à voir.
A l'exposition Fresh Hell du Palais de Tokyo j'ai eu plus de mal à trouver des œuvres qui me parlaient. Je pense que c'est sûrement parce que je n'ai pas vu de corrélation entre les différents travaux proposés. C'est l'une des choses que j'apprécie au MACVAL : les œuvres sont toujours installées de façon à instaurer un dialogue entre elles, et c'est ce qui nous permet de mieux les comprendre.
J'ai tout de même relevé quelques créations.
Serge Spitzer
Il étudie les choses qui nous paraissent simple car faisant partie de notre quotidien mais qui sont en réalité très complexes. Ici tous ces tuyaux que vous voyez sont en réalité un réseau de communication (normalement invisible / souterrain) qui fonctionne à l'air. Avant ils permettaient de faire passer les télégrammes et autres plis urgents dans un immeuble. Aujourd'hui ils servent par exemple dans les hôpitaux pour envoyer les médicaments d'un étage à l'autre. Avant même internet nous avions ce genre de réseaux :). Je vous l'accorde moi aussi je ne comprends pas bien comment techniquement ça fonctionne. Dans cette situation le réseau de tuyau est non seulement visible, mais en plus inutile car plus aucun élément ne circule dedans. C'est ce qui nous pousse à le regarder sous un œil neuf et comprendre la réelle complexité de l'installation, de ce que nous sommes capables de faire pour une chose apparemment aussi simple de communiquer.
Ici l'installation paraît vraiment toute bête mais regardez comment avec de simples bouts de bois suspendus à des fils de pêche l'espace a pu être remodelé. L'œuvre fait référence aux labyrinthes dessinés à même le sol dans les églises qui invitent symboliquement au pèlerinage et à la méditation.
Voilà pour le moment :) Merci à ceux qui ont eu le courage de parcourir ce long pavé !.
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